Donnant-donnant, recevoir un cadeau coûte

Un cadeau engage toujours celui qui le reçoit. Le sociologue Gérald Bronner signe un article éclairant.

Recevoir un cadeau coûte.
Recevoir un cadeau à un prix.

La dernière élection présidentielle française a soulevé de nombreuses questions morales. Par exemple, est-il acceptable qu’un candidat accepte des cadeaux somptueux et dispendieux ? Le bénéficiaire a répondu à la question en rendant ces costumes à 13.000€, en reconnaissant son erreur de jugement. Mais nous ne saurons jamais si ces costumes ont servis de monnaie d’échange, de récompense ou d’engagement futur.

Mais, outre la présence ou non de promesse voire d’engagement, la question de réciprocité est ici cruciale. Formellement, rien d’oblige à la réciprocité, un cadeau, c’est un cadeau. Néanmoins, on entre alors dans un système de contraintes implicites.

C’est précisément la question soulevée par le psychologue américain Robert Cialdini dans son livre Influence et manipulation. Ses recherches ont montré clairement qu’un cadeau « entraîne mécaniquement une forme de réciprocité beaucoup plus contraignante qu’on ne pourrait le croire« .

Le principe de réciprocité est profondément inscrit en nous. Certains la considèrent même comme une condition de survie tels que le psychologue social américain Roy Baumeister. Je veux bien partager avec toi ma proie que je ne peux manger seul, si tu m’aides un autre jour.

Et pour conclure avec Gérald Bronner : « on comprend aussi combien la décision qui prétend défendre l’intérêt général, comme c’est le cas de la gouvernance politique, doit se protéger de l’influence du principe de réciprocité ».

Source: Gérald Bronner, Le prix de la réciprocité, Pour la Science, mai 2017.

Illustration

 Dans le film Donnant-Donnant de la réalisatrice Isabelle Mergault, Constant (Daniel Auteuil) réussit à s’évader de la prison où il purge sa peine… Il finit par échouer dans un bled perdu, près des berges désertes d’un canal et se planque dans une péniche à l’abandon.

Au matin, Sylvia (Medeea Marinescu), jeune femme pétillante, tombe dessus. Elle le reconnait et lui propose un implacable marché : assassiner (puisqu’elle le pense être un tueur professionnel) Jeanne (Sabine Azéma), sa mère adoptive sinon elle le dénonce à la police ! Je ne te dénonce pas si tu tues pour moi.

Constant est piégé et doit accepter cette « mission ». Mais bien loin de tuer Jeanne, Constant la sauve d’un suicide annoncé.

Dès lors un piège plus redoutable encore que celui de la prison se referme sur Constant : celui des sentiments, celui des passions trop longtemps assoupies…Comment Constant va t’il pouvoir se défaire d’une Jeanne tombée folle amoureuse de lui alors qu’il est sous le charme de celle qui le menace ?

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